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L’édito

de ralentir

Il y a l’inflation visible.

Celle que vous tenez entre vos mains, une plaquette deux fois
plus petite au nombre d’exemplaires réduit pour conserver
un peu de moyens dédiés aux artistes.

Et puis il y a une autre inflation, moins visible, qui sera gentiment
convoquée cette saison.

La vitesse. Ou plus exactement l’accélération.

Du temps. Ou plus exactement de nos vies.

Bien moins visible et pourtant si pernicieuse. Si présente.
Partout, ou presque.

Vite l’école. Vite le train. La réunion. Le repas. Le spectacle.
Vite les infos. Vite le repos.

Qui ne connaît pas ce cycle vicieux ?

Une saison pour se retrouver. Soi et en compagnie des autres.
Pour tenter d’apporter, par un rythme différent, une pulsation qui soit
comme une respiration. Un lieu de spectacle et d’exposition comme
un havre de paix dans le fracas d’un monde qui étouffe de sa frénésie
et de ses réactions en chaîne, anxiogènes.

Ralentir donc.

Écouter les poètes, actuels ou anciens nous ramener à l’essentiel.

Se pencher sur le Temps, thématique récurrente de l’art, et comme
Sylvain Tesson1 depuis les sommets tibétains prendre de l’altitude
pour interpeller nos vies hâtives : « Il avait demandé au temps de lui
apporter ce que le voyageur supplie au déplacement de lui fournir :
une raison d’être ».

Un « Bal fou » pour entrer dans la danse, toute une saison choisie,
choyée, pleine de contraintes de temps et autres joyeusetés,
avec de nombreux coups de coeurs intenses et légers aussi, un temps
fort pour faire dérailler nos trains de vie, bref, tout ce qu’il faut pour
célébrer ensemble le temps présent.

Oui, plus que temps.

Maël Grenier
directeur


1 Sylvain Tesson, « La panthère des neiges », Éditions Gallimard